EntrepriseFinance

Comment le secteur des services financiers du Cameroun se développe numériquement

Le Cameroun connaît une mutation historique dans son secteur financier. Entre 2023 et 2025, les services bancaires, les assurances et les institutions de microfinance ont accéléré leur transition vers le numérique, portés par des innovations technologiques, des politiques gouvernementales ambitieuses et une demande croissante des consommateurs. Cette transformation vise à combler le retard en matière d’inclusion financière – avec un taux de bancarisation inférieur à 30 % – tout en modernisant l’économie nationale.

1. L’essor des services financiers numériques en zones urbaines

Dans les villes comme Douala et Yaoundé, la digitalisation a radicalement modifié l’expérience bancaire :

  • 97 % des transactions se font désormais via des canaux digitaux (apps mobiles, guichets automatiques, plateformes en ligne).
  • Les banques proposent des services innovants :
    • Ouverture de compte en 10 minutes via smartphone.
    • Prêts express avec approbation algorithmique (moins de 24 heures).
    • Solutions de paiement intégrées au commerce électronique.

Tableau 1 : Comparatif des canaux bancaires en zones urbaines (2025)

Service Utilisation digitale Croissance annuelle
Virements 92 % +15 %
Souscription de prêts 68 % +22 %
Gestion de compte 95 % +10 %

Cependant, cette progression cache une fracture numérique : seuls 45 % des urbains maîtrisent les outils financiers digitaux.

2. Les défis des zones rurales : connectivité et éducation financière

Avec 62 % de la population vivant hors des villes, le Cameroun mise sur deux leviers :

  • Le mobile banking : 8 millions d’utilisateurs actifs en 2025, contre 2,3 millions en 2020.
  • Les kiosques numériques : 1 200 points d’accès installés par le PATNUC (Projet d’Accélération de la Transformation Numérique).

Obstacles persistants :

  • Taux de couverture internet : 38 % en rural contre 81 % en urbain.
  • Pannes électriques : 12 heures/semaine en moyenne hors villes.

3. L’impact des fintechs et startups locales

Le pays compte 87 fintechs actives en 2025, dont :

  • Diool : 1,2 million d’utilisateurs pour les paiements transfrontaliers.
  • Maviance : partenariat avec 14 banques pour le crédit aux PME.
  • Iwomi Technologies : solution de gestion de compte vocal en langues locales.

Tableau 2 : Classement des fintechs camerounaises par secteur (2025)

Secteur Nombre de fintechs Part de marché
Paiements 35 47 %
Crédit 28 32 %
Assurance 15 12 %
Épargne 9 9 %

4. Stratégies gouvernementales : le PATNUC en action

Avec 100 millions USD de la Banque mondiale, ce projet vise à :

  • Tripler l’accès rural à internet d’ici 2027.
  • Former 500 000 citoyens aux compétences numériques.
  • Soutenir 120 startups technologiques via des incubateurs.

Résultats préliminaires :

  • +40 % de transactions numériques dans les régions ciblées depuis 2023.
  • Création de 8 000 emplois directs dans le secteur.

5. Cybersécurité : un enjeu critique

En 2024, les fraudes numériques ont coûté 13,4 milliards FCFA au secteur. Pour y répondre :

  • L’Agence Nationale de Sécurité Informatique (ANSI) a bloqué 2 300 attaques en 2025.
  • Les banques investissent 15 à 20 % de leur budget IT dans la protection des données.

6. Microfinance : une digitalisation à deux vitesses

Sur 500 établissements, seuls 18 % offrent des services complets en ligne. Les obstacles :

  • Coûts d’infrastructure : 45 % des IMF jugent les solutions logicielles trop chères.
  • Résistance culturelle : 60 % des clients ruraux préfèrent les interactions physiques.

Tableau 3 : Adoption digitale dans les IMF (2025)

Service digital Taux d’adoption Gain d’efficacité
Encaissement mobile 34 % +28 %
Suivi de prêt en ligne 22 % +15 %
Formation client digitale 12 % +9 %

7. Success stories : l’exemple d’Ecobank Cameroun

  • 95 % des opérations traitées via des canaux digitaux.
  • EcoCash : 750 000 utilisateurs pour les retraits sans carte.
  • Réduction de 30 % des coûts opérationnels depuis 2023.

Conclusion

La digitalisation du secteur financier camerounais est irréversible mais inégale. Si les villes profitent d’innovations de classe mondiale, les zones rurales nécessitent des investissements accrus en infrastructure et éducation. La réussite dépendra de :

  • L’extension du PATNUC aux régions marginalisées.
  • La collaboration entre banques traditionnelles et fintechs.
  • La sensibilisation aux outils numériques via des campagnes multilingues.

Avec 7,2 % de croissance annuelle du secteur financier digital (2023-2025), le Cameroun pourrait atteindre 50 % de bancarisation d’ici 2030, à condition de maintenir cet élan réformateur.