L’avenir des technologies de captage du carbone au Canada et au-delà
Le captage, le stockage et la valorisation du carbone (CUSC) se positionnent comme des solutions incontournables pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Avec des investissements massifs et des innovations technologiques rapides, le Canada s’impose comme un leader mondial dans ce domaine. Cet article explore les avancées locales, les défis persistants et les perspectives globales de ces technologies.
Le Canada, pionnier des projets de CUSC
Le gouvernement canadien a investi plus de 3,4 milliards de dollars depuis 2021 dans des projets de CUSC, avec des initiatives phares comme :
Projet | Localisation | Investissement | Impact |
InnoTech Alberta | Calgary | 9,77 M$ | Transformation du CO₂ en matériaux de construction et biocarburants. |
Canada Nickel | Ontario | 3,4 M$ | Stockage permanent de 1,5 million de tonnes de CO₂/an via la carbonatation. |
Cenovus Energy | Alberta | 7,52 M$ | Réduction des émissions dans l’extraction de bitume grâce aux solvants. |
Ces projets illustrent une stratégie double : réduire l’empreinte des industries polluantes (pétrole, gaz) et créer des débouchés économiques via les bioproduits. Par exemple, le procédé de carbonatation développé par Canada Nickel pourrait faire du Canada le plus grand site de stockage permanent de CO₂ au monde.
Innovations technologiques clés
Les technologies de captage évoluent rapidement, avec des méthodes plus efficaces et moins coûteuses :
- Captage direct dans l’air (DAC)
Des entreprises comme Climeworks (Suisse) utilisent des matériaux poreux pour piéger le CO₂ atmosphérique, une solution prometteuse pour les zones urbaines. - Solvants avancés
Les solvants chimiques (ex. : amines) captent jusqu’à 90 % du CO₂ des fumées industrielles. Des versions solides, plus durables, émergent pour réduire les coûts énergétiques. - Intégration à l’hydrogène bleu
Combiné au CUSC, l’hydrogène produit à partir de gaz naturel devient une énergie propre, idéale pour la sidérurgie ou le transport lourd.
Tableau comparatif des technologies :
Technologie | Efficacité | Coût (USD/tonne) | Applications |
Solvants chimiques | 90-95 % | 40-80 | Centrales électriques, cimenteries |
DAC | 85-90 % | 100-300 | Zones urbaines, compensation carbone |
Membranes | 70-85 % | 30-60 | Industrie légère, biogaz |
Source : IDTechEx, 2024 |
Défis à surmonter
Malgré les progrès, plusieurs obstacles subsistent :
- Coûts élevés : Capturer une tonne de CO₂ coûte entre 40 et 300 USD, selon la technologie.
- Dépendance aux subventions : 80 % des projets canadiens dépendent de financements publics.
- Stockage sécurisé : Le risque de fuite des réservoirs souterrains nécessite une surveillance à long terme.
Un rapport de l’AIE souligne que les technologies actuelles ne captent que 0,1 % des émissions mondiales, loin des 1,6 gigatonnes annuelles nécessaires d’ici 2030.
Perspectives mondiales et opportunités
D’ici 2045, le marché du CUSC devrait croître de 18,5 % par an, porté par :
- Les crédits carbone (ex. : 45Q aux États-Unis).
- La demande en matériaux bas carbone (béton, polymères).
- Les clusters industriels, comme le East Coast Cluster au Royaume-Uni, regroupant sites de captage et infrastructures partagées.
Le Canada pourrait tirer profit de ses réserves géologiques (ex. : bassin sédimentaire de l’Alberta) pour stocker jusqu’à 400 ans d’émissions nationales.
Conclusion
Les technologies de captage du carbone ne sont pas une solution miracle, mais un maillon essentiel de la transition énergétique. Avec des investissements ciblés et des collaborations internationales, le Canada a l’opportunité d’exporter son expertise tout en décarbonant son économie.