Pourquoi le carburant d’aviation durable est l’avenir du transport aérien
Chaque seconde, un avion décolle quelque part dans le monde. Avec un trafic aérien qui pourrait tripler d’ici 2050, l’urgence climatique impose une révolution dans les airs. Le carburant d’aviation durable (SAF) émerge comme la solution immédiate pour réduire jusqu’à 90 % les émissions de CO₂ du secteur. Soutenu par des régulations ambitieuses et des innovations technologiques, ce biocarburant redéfinit les horizons de l’aviation.
Qu’est-ce que le carburant d’aviation durable (SAF) ?
Le SAF est un carburant alternatif produit à partir de ressources renouvelables ou de déchets, compatible avec les avions actuels sans modifier leurs moteurs. Contrairement au kérosène fossile, il utilise des matières premières comme les huiles usagées, les résidus agricoles ou même le CO₂ recyclé.
Deux méthodes de production dominent :
- La voie biochimique : Transformation de biomasse (déchets organiques, algues) en carburant via des procédés comme la fermentation ou l’estérification.
- Les e-fuels : Synthèse d’hydrogène vert (issu d’énergies renouvelables) et de CO₂ capturé, pour créer un carburant neutre en carbone.
Types de SAF | Sources | Réduction CO₂ |
Biocarburants (HVO, HEFA) | Huiles usagées, graisses animales | 80 % |
Carburants de synthèse (e-fuels) | CO₂ + hydrogène vert | 90 % |
Biomass-to-Liquid (BtL) | Résidus agricoles, bois | 70 % |
Un impact environnemental transformateur
Les SAF réduisent les émissions sur l’ensemble de leur cycle de vie. Par exemple, un vol utilisant 50 % de SAF émet 40 % de CO₂ en moins qu’un vol traditionnel. Cette réculation s’explique par :
- Un bilan carbone favorable : Le CO₂ émis lors de la combustion est compensé par celui absorbé lors de la croissance des matières premières (pour les biocarburants).
- Moins de particules fines : Les SAF génèrent jusqu’à 90 % de particules en moins que le kérosène.
Cependant, leur production doit éviter la concurrence avec les cultures alimentaires et préserver la biodiversité. Les e-fuels, bien que coûteux, offrent une alternative sans impact sur les terres agricoles.
Régulations et objectifs mondiaux : un cadre ambitieux
L’Europe impose des objectifs contraignants :
- 6 % de SAF dans les réservoirs d’ici 2030.
- 70 % d’ici 2050.
La France amplifie cet élan avec un groupe de travail interministériel visant à structurer une filière nationale de SAF, limitant les importations et créant des emplois locaux. À l’échelle mondiale, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) vise la neutralité carbone d’ici 2050, avec les SAF comme pilier stratégique.
Pays/Région | Objectif SAF | Échéance |
Union européenne | 70 % des carburants | 2050 |
France | 1 % de SAF incorporé | 2025 |
Royaume-Uni | 10 % de SAF | 2030 |
Défis et innovations : la course à la viabilité
Coûts de production élevés
Actuellement, le SAF coûte 2 à 4 fois plus cher que le kérosène. Pour y remédier, des usines géantes voient le jour, comme celle d’ENGIE en France, visant une production annuelle de 100 000 tonnes d’ici 202. Les subventions publiques et les incitations fiscales accélèrent les investissements.
Adaptation des infrastructures
Les avions actuels ne peuvent utiliser que 50 % de SAF mélangé à du kérosène. Les constructeurs travaillent sur des moteurs compatibles à 100 %, tandis que les aéroports modernisent leurs réseaux d’avitaillement.
Approvisionnement en matières premières
La biomasse durable est limitée. Les innovations se tournent vers les microalgues et les déchets urbains, capables de fournir 20 % de la demande mondiale de SAF d’ici 2035.
Collaboration sectorielle : une nécessité
La transition vers les SAF exige une alliance entre :
- Compagnies aériennes : Air France-KLM prévoit d’utiliser 10 % de SAF dès 2030.
- Raffineurs : TotalEnergies produit déjà du SAF via co-processing dans ses usines.
- Gouvernements : La France a attribué 200 millions d’euros à des projets SAF en 2023.
Conclusion : vers un ciel décarboné
Le carburant d’aviation durable n’est pas une option – c’est l’unique solution réaliste pour concilier croissance du transport aérien et urgence climatique. Grâce aux avancées technologiques, aux régulations stimulantes et à une collaboration transfrontalière, le SAF incarne l’avenir d’une aviation propre. Restent à accélérer les investissements et à sensibiliser les voyageurs, car chaque vol vert compte.