Pourquoi la Belgique investit dans les technologies de défense pour la sécurité nationale
La Belgique se trouve à un carrefour stratégique. Face à une Europe en mutation, marquée par la guerre en Ukraine et le retrait progressif des États-Unis, le pays renforce ses investissements dans les technologies de défense. Ces choix ne répondent pas seulement à des impératifs sécuritaires : ils s’inscrivent dans une vision plus large, mêlant innovation industrielle, croissance économique et coopération européenne. Décryptage des enjeux derrière cette mobilisation.
Contexte géopolitique et besoins sécuritaires
Des menaces en évolution
La guerre en Ukraine a révélé les vulnérabilités européennes en matière de défense. La Belgique, comme ses voisins, doit moderniser ses capacités militaires pour répondre à des risques hybrides (cyberattaques, désinformation) et protéger ses infrastructures critiques (ports, réseaux énergétiques).
L’autonomie stratégique européenne
Avec le plan Réarmer l’Europe, l’UE encourage ses membres à mutualiser leurs ressources. La Belgique vise ainsi à consacrer 3 % de son PIB aux dépenses de défense d’ici 2030, contre 1,1 % en 2023.
Indicateurs clés | Données 2023 | Objectifs 2030 |
Dépenses de défense/PIB | 1,1 % | 3 % |
Part dédiée aux équipements | 20 % | 27 % (moyenne UE) |
Emplois créés | – | 8 000 |
Stratégie de financement et investissements
Un plan ambitieux de 17,2 milliards d’euros
Sur quatre ans, cet effort budgétaire servira à :
- Acquérir des équipements de pointe (drones, systèmes cyber).
- Moderniser les infrastructures logistiques.
- Renforcer la formation des forces armées.
Sources de financement
- Emprunts européens : Le nouveau cadre budgétaire de l’UE autorise un endettement ciblé pour des projets de défense.
- Partenariats public-privé : Mobilisation du secteur financier via des obligations de défense.
- Ventes d’actifs : Cession partielle de participations dans des entreprises publiques (BNP Paribas, Proximus).
Coopération européenne et autonomie stratégique
Priorité à l’innovation technologique
La Belgique mise sur des collaborations structurantes avec l’Agence européenne de défense (AED) et l’OTAN. Exemples concrets :
- Participation au Fonds européen de la défense (FED) pour cofinancer la R&D.
- Projets PESCO (Coopération structurée permanente) sur la cybersécurité et les drones.
Avantages industriels
En s’impliquant tôt dans les chaînes de valeur européennes, le pays positionne ses entreprises (comme FN Herstal) comme fournisseurs clés. Résultat : 15 % des contrats de l’UE en matériel militaire incluent une composante belge.
Retombées économiques et technologiques
Un levier pour l’emploi et l’innovation
Les investissements en défense stimulent des secteurs clés :
- Technologies duales (civilo-militaires) : IA, spatial, énergie.
- Pôles de compétitivité : Collaboration entre universités, startups et grands groupes.
Secteur bénéficiaire | Impact économique (2025-2030) |
Cybersécurité | +200 M€ de chiffre d’affaires |
Aéronautique | +1 500 emplois directs |
Recherche & Développement | 30 projets labellisés UE |
Défis et perspectives futures
Maintenir l’équilibre budgétaire
Atteindre les 3 % du PIB implique des choix difficiles :
- Optimiser les dépenses courantes (main-d’œuvre, maintenance).
- Éviter la privatisation d’actifs stratégiques (ex : chemins de fer).
Adapter les infrastructures
Les ports d’Anvers et Zeebrugge, vitaux pour l’OTAN, nécessitent des upgrades contre les cybermenaces et les sabotages.
Conclusion
La Belgique transforme sa défense en opportunité globale. En liant sécurité nationale, innovation et coopération européenne, elle renforce à la fois sa résilience et son économie. Reste à pérenniser cet effort via un Sommet national sur la Défense, comme le propose le think tank Itinera, pour fédérer tous les acteurs autour d’une vision commune.